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Cassiodore

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Cassiodore est un homme politique et écrivain latin, fondateur du monastère de Vivarium.
La vie de Cassiodore s'articule essentiellement autour de deux périodes séparées par la conversio (« conversion », qui marque son retrait de la vie publique).


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Benoît XVI AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 12 mars 2008 Boèce et Cassiodore

Chers frères et sœurs,

Je voudrais parler aujourd'hui de deux auteurs ecclésiastiques, Boèce et Cassiodore, qui vécurent pendant les années les plus tourmentées de l'Occident chrétien et, en particulier, de la péninsule italienne. Odoacre, roi des Erules, une ethnie germanique, s'était rebellé, mettant un terme à l'empire romain d'Occident (476), mais avait dû rapidement succomber aux Ostrogoths de Théodoric, qui pendant plusieurs décennies s'assurèrent du contrôle de la péninsule italienne. (...)

Marc Aurèle Cassiodore, un calabrais né à Squillace vers 485, qui mourut à un âge avancé à Vivarium vers 580, fut un contemporain de Boèce. Lui aussi d'un niveau social élevé, il se consacra à la politique et à l'engagement culturel comme peu d'autres personnes dans l'Occident romain de son époque. Les seules personnes qui purent l'égaler dans son double intérêt furent peut-être Boèce, déjà mentionné, et le futur Pape de Rome, Grégoire le Grand (590-604). Conscient de la nécessité de ne pas laisser sombrer dans l'oubli tout le patrimoine humain et humaniste, accumulé au cours des siècles d'or de l'empire romain, Cassiodore collabora généreusement, et aux niveaux les plus élevés de la responsabilité politique, avec les peuples nouveaux qui avaient traversé les frontières de l'empire et qui s'étaient établis en Italie. Il fut lui aussi un modèle de rencontre culturelle, de dialogue, de réconciliation. Les événements historiques ne lui permirent pas de réaliser ses rêves politiques et culturels, qui visaient à créer une synthèse entre la tradition romano-chrétienne de l'Italie et la nouvelle culture des Goths. Ces mêmes événements le convainquirent cependant du caractère providentiel du mouvement monastique, qui s'affirmait dans les terres chrétiennes. Il décida de l'appuyer en lui consacrant toutes ses richesses matérielles et toutes ses forces spirituelles.

Il conçut l'idée de confier précisément aux moines la tâche de retrouver, conserver et transmettre à la postérité l'immense patrimoine culturel de l'antiquité, pour qu'il ne soit pas perdu. C'est pourquoi il fonda Vivarium, un monastère dans lequel tout était organisé de manière à ce que le travail intellectuel des moines soit estimé comme très précieux et indispensable. Il disposa que les moines qui n'avaient pas de formation intellectuelle ne devaient pas s'occuper seulement du travail matériel, de l'agriculture, mais également de transcrire des manuscrits et aider ainsi à transmettre la grande culture aux générations futures. Et cela sans aucun dommage pour l'engagement spirituel monastique et chrétien et pour l'activité caritative envers les pauvres. Dans son enseignement, publié dans plusieurs ouvrages, mais surtout dans le traité De anima et dans les Institutiones divinarum litterarum, la prière (cf. PL 69, col. 1108), nourrie par les saintes Ecritures et particulièrement par la lecture assidue des Psaumes (cf. PL 69, col. 1149), a toujours une position centrale comme nourriture nécessaire pour tous. Voilà, par exemple, la façon dont ce très docte calabrais introduit son Expositio in Psalterium: "Ayant refusé et abandonné à Ravenne les sollicitations de la carrière politique, marquée par le goût écœurant des préoccupations mondaines, et ayant goûté le Psautier, un livre venu du ciel comme un authentique miel de l'âme, je me plongeai avec avidité, comme un assoiffé, dans la lecture incessante afin de me laisser imprégner entièrement de cette douceur salutaire, après en avoir eu assez des innombrables amertumes de la vie active" (PL 70, col. 10).

La recherche de Dieu, visant à sa contemplation - note Cassiodore -, reste l'objectif permanent de la vie monastique (cf. PL 69, col. 1107). Il ajoute cependant que, avec l'aide de la grâce divine (cf. PL 69, col. 1131.1142), on peut parvenir à une meilleure compréhension de la Parole révélée grâce à l'utilisation des conquêtes scientifiques et des instruments culturels "profanes", déjà possédés par les Grecs et les Romains (cf. PL 69, col. 1140). Cassiodore se consacra, quant à lui, aux études philosophiques, théologiques et exégétiques sans créativité particulière, mais attentif aux intuitions qu'il reconnaissait valables chez les autres. Il lisait en particulier avec respect et dévotion Jérôme et Augustin. De ce dernier, il disait: "Chez Augustin il y a tellement de richesse qu'il me semble impossible de trouver quelque chose qu'il n'ait pas déjà abondamment traité" (cf. PL 70, col. 10). En citant Jérôme, en revanche, il exhortait les moines de Vivarium: "Ce n'est pas seulement ceux qui luttent jusqu'à verser leur sang ou qui vivent dans la virginité qui remportent la palme de la victoire, mais également tous ceux qui, avec l'aide de Dieu, l'emportent sur les vices du corps et conservent la rectitude de la foi. Mais pour que vous puissiez, toujours avec l'aide de Dieu, vaincre plus facilement les sollicitations du monde et ses attraits, en restant dans celui-ci comme des pèlerins sans cesse en chemin, cherchez tout d'abord à vous garantir l'aide salutaire suggérée par le premier psaume qui recommande de méditer nuit et jour la loi du Seigneur. En effet, l'ennemi ne trouvera aucune brèche pour vous assaillir si toute votre attention est occupée par le Christ" (De Institutione Divinarum Scripturarum, 32: PL 70, col. 1147D-1148A). C'est un avertissement que nous pouvons accueillir comme valable également pour nous. Nous vivons, en effet, nous aussi à une époque de rencontre des cultures, du danger de la violence qui détruit les cultures, et de l'engagement nécessaire de transmettre les grandes valeurs et d'enseigner aux nouvelles générations la voie de la réconciliation et de la paix. Nous trouvons cette voie en nous orientant vers le Dieu au visage humain, le Dieu qui s'est révélé à nous dans le Christ.

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/...